Anticrise: Un chef d'entreprise doit accepter de se faire insulter...
J'ai une drôle d'histoire à raconter.
Nous voilà au temps de la reconduction d'un contrat avec un client, que le gérant que je suis se doit d'aller discuter. Je précise que le client a au préalable, manifesté sa satisfaction à moultes reprises (e-mail de félicitations, voeux dithyrambiques, recommandations auprès d'autres clients...). Je vais donc à ce rendez-vous confiante et heureuse de savoir que le contrat est acquis....Je m'y rends en compagnie de la consultante qui a suivi le dossier durant deux ans.
Le rendez-vous confirme mon sentiment, on nous félicite, nous dorlote et nous complimente.
Puis, vient l'heure fatale du renouvellement. On nous confirme le renouvellement. Avec joie, il est souhaité tant notre travail fût de qualité!
Enfin, arrive le temps du montant!
Et là, oh surprise, le ton change. Sans même que nous ayons dit quoique ce soit, pas même avancé un montant, on nous casse, on nous explique que notre facturation de tient pas la route (NB: le contrat qui se termine avait également reçu les félicitations dans un précédent e-mail sur la manière dont les factures étaient libellées).
En bonne commerciale de crise, je propose donc une remise conséquente sur le montant facturé en N-1. Quel malheur! Elle ne devait pas l'être assez et le ton monte, de façon unilatérale, du coté du client, jusqu'à ce que nous nous fassions traiter d'incapables...
Devant notre étonnement stoïque et discret, (nous rappelons les propos de félicitations tenus quelques minutes auparavant), nos interlocuteurs se déchainent! Nous sommes maintenant des nuls...
Légèrement perturbés par ce "chaud-froid", nous proposons au client de réfléchir, sans toutefois aller plus avant vers d'autres réductions que celle conséquente déjà avancée. Là, on nous engueule carrément. Tempête dans la salle de réunion.
En chef d'entreprise, j'indique poliment mais fermement que je ne descenderai pas en dessous du montant déjà rogné car ma marge serait négative et je ne travaille pas à perte. C'est une philosophie chez nous.
Les discussions s'arrêtent là (au-delà, je pense que le client aurait carrément tenté des menaces physiques) et nous nous saluons, amers.
Quelques jours plus tard je reçois un appel me proposant de conclure sur les bases du tiers du contrat N-1, pour la même prestation, cela va sans dire. Je refuse. On me raccroche au nez, le client me menaçant au passage de trouver un autre prestataire et me rappelant ma nullité. Soit!
Trois semaines plus tard, le contrat s'étant arrêté naturellement à son terme, on nous appelle pour nous demander pourquoi les prestations étaient interrompues! Je réponds naturellement que le contrat était échu.
Un mois plus tard, on nous appelle pour nous confirmer que le renouvellement pouvait être envisagé à nos conditions. A ce titre, j'ajoute que nous récupérons des excuses au motif que la pression dûe à la crise était telle qu'il fallait bien essayer de négocier.
La morale de cette histoire : un chef d'entreprise doit savoir se faire insulter pour garder des contrats et ne saurait éconduire les mal élevés dans ces temps de crise!!!
Est-ce que j'ai le droit de faire grêve?
Cyberentrepreneuse